12/10/2013
Les scoops de Chloé... Le saviez-vous ? Infos locales de l'Isère ou d'ailleurs. Taxis, ambulanciers, agriculteurs, apiculteurs, tunnel de Saint Hilaire, etc.
Voici quelques scoops pour vous, petites infos que je me ferai un grand plaisir de partager avec vous chaque week-end... avec mes déductions et réflexions personnelles.
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1- On disait de Schneider Electric en 2011 que cette entreprise faisait un quart de son chiffre d'affaires en Asie. Aujourd'hui, en France, il reste vingt pour cent de la production. Nous sommes en 2013-2014. Son directeur s'est installé à Hong-Kong, ainsi que plusieurs dirigeants... Une preuve de plus que la France doit vraiment sentir mauvais pour qu'on la fuit ainsi, sauf que... à force de quitter le bateau, restera-t-il à bord assez d'équipage et de personnes capables de le piloter... ? J'ai pu discuter avec l'ancien directeur de Merlin Gerin, qui a été repris en 1992 par Schneider Electric. Ce monsieur m'a confié que le Front National est un parti qui détruirait l'économie s'il arrivait au pouvoir. Car ce parti défend le franc et ferait tout pour que nous sortions de l'euro, ce qui serait un coup mortel pour la France.
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2- Hier, c'était la Journée Mondiale des Soins Palliatifs (l'avez-vous su ?). Des personnes du milieu médical faisait une information sur la loi Léonetti dans le hall de l'Institut Daniel Hollard à Grenoble. J'ai pu rencontrer ces personnes, dont une femme médecin. Elle m'a demandé si je connaissais cette loi et me l'a remise précisément en tête, me rappelant les grandes lignes de cette loi souvent méconnue des français et du milieu hospitalier. Ma propre mère a souhaité bénéficier en 2012 de cette loi et les médecins ne se sont pas opposés à sa volonté, dans un respect total. Cette loi a été émise en 2005 et organise la fin de vie, dans le respect de la volonté du patient. Vous pouvez la retrouver sur :
http://www.senat.fr/dossier-legislatif/ppl04-090.html
Les grands principes de cette loi sont :
- L'interdiction de l'obstination déraisonnable.
-Le droit du patient de refuser un traitement.
-La préservation de la dignité du patient et l'obligation de lui prodiguer des soins palliatifs.
-La prise en compte de la volonté du malade.
-La possibilité d'exprimer à l'avance ses souhaits pour organiser ses derniers moments et la fin de sa vie.
-Le caractère absolu de l'interdiction de donner la mort.
____________ Personnellement, je trouve juste que dans certains cas, il est difficile de respecter cette loi ... Je pense aux personnes qui sont suicidaires, à celles qui se laissent mourir sciemment devant nous, dans le cadre d'une anorexie, d'une dépression jointe à une maladie grave ou d'une situation familiale désespérée dans laquelle la personne n'a aucun soutien.
Je l'ai d'ailleurs exprimé aux personnes chargées hier de promouvoir la loi.
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3- Le tunnel de Saint Hilaire du Touvet, avant d'être construit définitivement, a vécu un drame, qui s'est soldé par un miracle, miracle que m'a raconté un habitant de là-haut... présent sur le plateau à cette époque.
Une première partie du tunnel était construite, losqu'un jour, un pan de la route s'est détachée. Le laitier venait juste de passer, échappant de justesse à une mort terrible.
Aujourd'hui, on ne sait pas jusqu'à quand tiendra l'actuel tunnel... Sûrement jusqu'à ce qu'une future catastrophe décide de la fermeture définitive de ce tunnel.
En effet, certains habitants du plateau se sont battus pour que les travaux ne se fassent pas. Car, en cas de travaux, le tunnel aurait été fermé durant près d'un an. Ils auraient été obligés de prendre la route de Saint Bernard du Touvet et de descendre dans la plaine par le Touvet, avec quelques kilomètres à faire en plus.
Quand il n'y aura plus de tunnel du tout... ils seront bien obligés de descendre par l'autre route... durant des années.
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4- Les sirops Teisseire implantés à Crolles ont refusé dernièrement de rencontrer les apiculteurs en colère, en colère parce que leur miel est devenu vert, à cause de cuves de produits chimiques concernant le sirop de menthe. les abeilles viendraient butiner dans ces cuves, causant ainsi du tort aux ruches de Bernin, de Crolles et des communes proches de l'usine. Les dirigeants des sirops Teisseire auront, je l'espère, le fair-play de trouver une solution afin d'ôter le vert des ruches et le rouge de la colère... du coeur de nos chers apiculteurs, surtout lorsqu'on sait combien les abeilles sont importantes pour notre futur.
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5- Cinq cent agriculteurs se sont suicidés en France depuis trois ans. Dans dix ans, que sera devenu notre pays ? Nous ne mangerons plus que des denrées chimiques ou du riz venu d'Asie ? Plus de légumes, de fruits, de pâtes, de pain, etc ?????
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6- Les taxis ne respectent pas toujours, en Isère tout du moins, la réglementation. Je remarque ainsi souvent que les taxis laissent leur lumineux en vert (indiquant qu'ils sont "libres") alors qu'ils ne sont pas sur leur commune de rattachement. Je rappelle qu'un taxi ne peut être en libre que sur sa commune, dont le nom doit être inscrit en toute lettre sur le haut du taxi ou sur la plaque d'immatriculation. Ils doivent être toujours en rouge (cela signifie : non libre ou demandé par un client) sur une autre commune que la leur. Je rappelle aussi à mes collègues taxis (hé oui, j'ai le diplôme... réussi en 2003, obligatoire pour la profession depuis 1995) qu'ils doivent passer une formation continue tous les cinq ans et que théoriquement, tous les anciens conducteurs de taxis devraient donc avoir la carte homologuée plastifiée avec leur photo... apposée sur la vitre avant du véhicule, et non plus le permis rouge cartonné.
Je rappelle ceci :
Les conducteurs de taxi titulaires d'une carte professionnelle
délivrée depuis plus de 5 ans
(c'est-à-dire avant le 01/07/2004)
devront suivre leur formation dans un délai d'un an :
avant le 31 décembre 2010.
Les conducteurs de taxi titulaires d'une carte professionnelle
délivrée depuis moins de 5 ans
(c'est-à-dire après le 01/07/2004) devront suivre leur formation
dans un délai de cinq ans :
avant le 1er juillet 2014.
Je rappelle que : "A défaut pour le conducteur de taxi de respecter cette obligation quinquennale de formation continue, le Préfet qui a délivré la carte professionnelle peut décider de la suspension ou du retrait de celle-ci conformément à l'article 7 du décret n° 2009-72 du 20 janvier 2009 relatif à la formation et à l'examen professionnel des conducteurs de taxi et après avoir suivi la procédure contradictoire préalable prévue à l'article 24 de la loi du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec l'administration.
Le non respect de l'obligation de formation continue peut être assimilé à un refus du conducteur de taxi d'effectuer le stage de formation continue ou à un stage non validé par l'organisme de formation agréé (non délivrance de l'attestation de stage)."
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7- Dans quelques temps, la formation continue des ambulanciers (profession dont je fais partie aussi, avec le diplôme d'ambulancière réussi en 2004) va devenir obligatoire et ... non, aléatoire. C'est une très bonne nouvelle, dont j'ai eu connaissance par voie directe.
Avec mes meilleures pensées à tous,
Chloé LAROCHE
20:46 Écrit par chloe38 dans Scoops et histoires vraies de Chloé | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : schneider electric, merlin gerin, isère, taxi, formation continue, taximètre, lumineux, chauffeur taxi, tunnel saint hilaire du touvet, miracle, sirop teisseire, miel vert, abeille, crolles, menthe, vallée grésivaudan, scoop, actualité, agriculteur, suicide, apiculteur, colère, journée mondiale des soins palliatifs, jalmalv, institut daniel holliard, sénat, loi, dénoncer, fin de vie, respect du patient, loi léonetti, anorexie, cancer, volonté du malade, dignité, soins palliatifs, souhaits de fin de vie, mort, obstination médicale, directives anticipées pour sa fin de vie, phase terminale, médecin, milieu hospitalier, formation continue ambulancier, préfecture, cesu, franc, euro, front national, politique | Facebook | |
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05/12/2012
J'ai trouvé la flamme de cet oiseau qui s'envole, m'emportant vers l'espoir de tous ceux qui soignent leur feu comme un phare dans la nuit.
Le feu d'un respect__________________
J'ai trouvé un oiseau mort
je l'ai pris dans mes mains
et l'ai porté au pied d'un arbre
afin de lui donner dernière demeure
pour lui offrir humanité
J'ai trouvé un enfant vivant
derrière une porte gémissant
je lui ai donné mon sourire
et la confiance en la vie
je l'ai guidé vers son soleil
J'ai trouvé une femme malade
au fond de mon taxi
je l'ai écoutée jusqu'au bout
sur la route enneigée
elle a pris son envol dans la nuit
J'ai trouvé un homme handicapé
il a regardé mes yeux
comme lumière dans l'orage
il a trouvé une amitié en moi
telle une ange pour sa solitude
J'ai trouvé un homme qui m'a aimée
il est dans mon coeur
mais notre rose a souffert de néant
je reste seule sur le carreau
d'une vie à pic
Puis j'ai trouvé la flamme
de cet oiseau qui s'envole
m'emportant vers l'espoir
de tous ceux qui soignent leur feu
comme un phare dans la nuit
J'ai trouvé l'instrument
qui fera de mon corps un violon
pour qu'un archet l'éveille
dans l'esprit d'un amour
au respect éternel.
Chloé Laroche
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Merci à Isabelle de m'avoir prêté les images dont j'ai illustré mon poème :
http://aujardindesroses.centerblog.net
Merci à Kriscounette pour la fée scintillante que j'ai choisie parmi les images de son blog :
http://kriscounette.centerblog.net
05:20 Écrit par chloe38 dans Femme, Terre et Paix | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : femme, espoir, résilience, chagrin, amour, respect, handicap, ange, aide, compassion, humanité, amitié, guérison, mort, oiseau, vie, sensualité, rêve, poète, poésie, avenir, présent, passé, fleur, nudité, offrande, phare, pardon, rose, violon, musique, silence, néant, taxi, maladie, regard, souffrance, sincérité, solitude, flamme, étoile, fée, courage, force, écriture, don de soi, écoute, accompagnement, fin de vie, photos | Facebook | |
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03/11/2012
Le film "AMOUR" avec Jean-Louis TRINTIGNANT et Emmanuelle RIVA, un chef d'oeuvre qui nous renvoie à l'importance des soins palliatifs.
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Bonjour à tous et toutes,
Je suis allée voir le film "AMOUR" dernièrement, à sa sortie sur nos écrans, réalisé par Michael HANEKE. Celui-ci a réussi la "prouesse" de nous faire vivre en huis clos avec trois acteurs... la lente agonie d'une femme et l'amour infini d'un homme.
C'est une oeuvre triste à mourir… mais qui nous place directement dans un bain de vie et de dévouement, celui de Jean-Louis Trintignant… ce qui finalement nous donne l'envie de vivre, puisqu'on se dit que notre santé, celle qui nous reste, est bien précieuse avant la fin qui pourrait nous attendre et dont on ne connaît pas les tenants ni les aboutissants.
Le fait que Jean-Louis Trintignant ait perdu sa fille l'a poussé à jouer ce rôle montrant la fin de vie d'une dame âgée, selon ses propres paroles. Il joue avec toute sa générosité mais va jusqu'aux limites de sa propre humanité… en tuant sa femme à la fin, dans un acte désespéré, dans lequel on lit toutes les limites d'un accompagnement isolé et sans l'aide de personnels qualifiés.
Ce film pose beaucoup de questions, dont celles de la douleur et de la souffrance. Cette réalisation grandiose pour l'humain pose aussi la question de l'importance du service en hôpital des soins palliatifs que je défends, dont le personnel se bat pour que les mourants ne souffrent pas. Cette femme jouée par Emmanuelle RIVA disait qu'elle avait MAL et personne ne l'entendait. Son mari préférait lui raconter une histoire pendant ses râles. Aujourd'hui, les services de soins palliatifs existent avec du personnel qualifié et les personnes peuvent partir accompagnées et dignement, sans souffrir le martyr.
En tout cas, je n'appelle pas ça de l'amour de devoir tuer l'autre pour qu'il se libère de son corps. Une femme m'a rétorqué lors d'une discussion qu'on peut "tuer par amour"… comme si cela était normal. Elle pensait sûrement à l'euthanasie. Sauf qu'il y a des règles dans l'euthanasie et dans les pays qui la pratiquent. Et puis, tuer la personne qui va partir, est-ce une solution ?
Il faut le temps pour les familles, le temps de dire au revoir, le temps de se préparer, le temps d'échanger avec des bénévoles qualifiés pour l'écoute. Il existe l'association JALMALV qui forme des bénévoles pour tous les hôpitaux et leurs soins palliatifs, des bénévoles qui vont accompagner des personnes en train de mourir, pour lesquelles il n'est pratiqué désormais aucun acharnement thérapeutique.
"Le bénévole est là, présent, disponible, pour écouter, parfois pour briser la solitude de celui ou celle qui fait face à la maladie et à la mort. Il ne remplace pas les soignants ni les proches de la personne malade. L'accompagnant est un témoin, un être humain qui exprime simplement sa solidarité avec un autre être humain, dans le respect des différences et du désir de celui qu’il accompagne."
(Société Française d'Accompagnement et de soins palliatifs).
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On ne sort pas de ce film comme on est entré… si on n'a jamais été confronté à la mort et au handicap. Et si on a déjà été confronté à la mort ou à la maladie de proches, alors on se sent compris en regardant ce film qui va au coeur du mystère de la fin de vie. Je trouve qu'il est important en Occident qu'on arrête de fuir toutes les questions de la mort et du deuil... ce qui ferait que les endeuillés seraient un peu moins seuls et écartés de la société qu'ils ne le sont aujourd'hui.
Quand on est en deuil et qu'on regarde ce film en compagnie de dizaines de personnes silencieuses dans une salle noire, on ressent une compréhension collective nous entourant et nous sortant soudainement de notre isolement.
Et quand on a perdu son enfant comme il m'est arrivé malheureusement, on ressent, en regardant Jean-Louis Trintignant jouer dans ce film, du courage, de la force et une connivence qui nous rapproche de l'espérance de la vie et de la sincérité.
Chloé Laroche
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À
LIRE http://www.sfap.org/content/définition-des-soins-palliatifs-et-de-laccompagnement
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00:05 Écrit par chloe38 dans Amour des autres: mon regard sur le monde | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : amour, film, cinéma, haneke, emmanuelle riva, jean-louis trintignant, mort, fin de vie, avc, domicile, isolement, dévouement, couple, huis clos, aide, soutien, jalmalv, écoute, mal, douleur, hôpital, soins palliatifs, bénévole, alzheimer, personne âgée, mariage, vieillesse, souffrance, soulagement, illusion, égoïsme, euthanasie, actualité, france, europe, vie, courage, deuil, oeuvre, cannes, acteur, mourant, dignité, sacrifice, crime, accompagnement aux mourants, fête des défunts, hommage, souvenir, toussaint | Facebook | |
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01/11/2012
Mon témoignage sur le métier de Taxi médical. Je vous parle de ma vocation tournée vers les souffrants, dans le respect et l'écoute d'autrui.
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Ce soir, je vais vous parler de mon métier.
Je suis Taxi médical... Taxi sanitaire... Taxi employée dans une société d'ambulances.
En fait, pour faire ce métier et obtenir une place de cet ordre, il faut nécessairement posséder le diplôme de Taxi mais aussi avoir une formation d'ambulancier, de préférence.
Je transporte donc des personnes malades, âgées, handicapées, dialysées, cancéreuses, accidentées et bénéficiaires du "cent pour cent" de prise en charge de la Sécurité Sociale pour une maladie grave, longue maladie ou pour un accident du travail.
J'ai choisi ce métier il y a dix ans par vocation et par choix volontaire, après avoir été professeur de musique.
J'ai démarré à l'époque comme ambulancière novice dans une boîte d'ambulances qui a aujourd'hui coulé, à cause du fait qu'un des frères dirigeants s'est débrouillé pour ne pas payer les cotisations retraite de ses salariés durant plusieurs années.
Ils m'ont donné la chance à l'époque de me former à ce métier passionnant. J'ai vite été mise en binôme avec un cadre qui faisait dix urgences par jour. Mon sentiment à l'époque est d'avoir été jetée à l'eau sans savoir nager.
J'ai accompagné de dix à douze heures par jour des personnes en fin de vie, des hémorragies, des personnes atteintes de septicémie, d'infarctus, de cancer en phase terminale, de dépression avancée.
Mon "salut" a été que j'ai pu écrire un livre de témoignage sur un an d'ambulancier. J'avais ce besoin de faire appel au collectif pour partager la souffrance du monde. J'écrivais pour laisser la trace d'un métier si beau, si dur et méconnu, non reconnu surtout. Mon livre, épuisé aujourd'hui, s'appelle : "Transports d'âmes et d'hommes".
Depuis, j'ai travaillé dans le domaine du TPMR : "transport de personnes à mobilité réduite", avec conduite de fourgons aménagés pour pouvoir monter à bord des fauteuils électriques et très lourds, non portables par des humains ni transportables en ambulances.
Et puis j'ai aussi passé le diplôme de Taxi en 2003 avant de passer le diplôme d'ambulancier. Le diplôme de Taxi est obligatoire depuis 1995, avec une épreuve nationale et une épreuve départementale, dont un examen de la conduite avec deux inspecteurs dans le véhicule. C'est la Préfecture qui nous délivre ensuite notre carte de Taxi, avec obligation de formation continue et d'examen médical régulier.
Lorsqu'on a réussi le diplôme de Taxi, on peut ensuite soit devenir artisan Taxi à son compte, soit devenir salarié d'une entreprise de Taxi tourisme ou commerce, soit devenir Taxi dans une boîte d'ambulances (avec une formation complémentaire).
Il m'arrive dans le cadre de mon emploi de Taxi médical de transporter des personnes handicapées en fauteuil manuel, lequel peut se plier et se placer dans le coffre de la voiture. Il me faut aider la personne à se placer sur le siège de la voiture en quittant son fauteuil roulant, en la soutenant et en la guidant parfois dans ses mouvements.
J'ai accompagné il y a quelques temps une personne accidentée dans un accident d'avion, rescapé miraculeux d'un drame terrible. Avec le temps, l'ayant vu au départ avec deux moignons et les deux jambes estropiées, j'ai eu la joie un jour de le voir debout, avec deux prothèses installées par des personnes très compétentes, deux nouvelles jambes et pieds entièrement confectionnés par la main de professionnels médicaux.
Le courage des humains est parfois si grand et leur force intérieure de vie si riche que les anges eux-mêmes n'en reviennent pas parfois...
J'accompagne aussi des personnes atteintes d'Alzheimer ou de troubles divers... Certaines répètent tout le temps la même chose durant le transport et puis il y a celles qui ne parlent pas et puis celles qui peuvent être agressives soudainement, comme ce monsieur qui m'a traitée de "sale merdeuse" et m'a menacée de me gifler, me disant : "je vais enlever ma ceinture, vous allez voir, ça va barder"... Tout cela parce qu'au moment de démarrer, j'appelais mon chef pour lui signaler que nous partions, par téléphone avec oreillettes. Il faut demeurer très zen et calme dans un cas comme celui-ci, relativiser et se dire que ces personnes vivent des choses très dures et luttent contre des douleurs atroces parfois. Ce monsieur, pour tout vous dire, venait de subir une séance d'une heure de piqûres dans la verge et la zone alentour. Je me suis tue et n'ai pas répondu.
En tant que taxi médical, ma mission est de rendre agréable un transport imposé par un traitement souvent lourd... chimiothérapie, radiothérapie, dialyse, transfusion, rééducation de kiné, piqûres dans les yeux, etc. Souvent, pendant que je conduis, j'écoute la personne qui se confie mais une communication s'établie aussi, avec un échange sur la vie, sur nos vies et aussi sur les choses banales qui rendent plus légers le drame vécu par le patient que je transporte. Notre passager confie sa vie à notre professionnalisme sur la route. Il souhaite rentrer chez lui assez rapidement mais en douceur, d'où l'obligation d'adopter une conduite souple et zen, avec une anticipation des dangers continuelle et une concentration de tous les instants.
On doit aussi pouvoir faire face à des crises d'épilepsie, d'angoisses, cardiaques, malaises divers... en gardant son sang-froid et en sachant faire les gestes justes.
Souvent, nous retrouvons les mêmes personnes à transporter dans la semaine... mais de mois en mois, de nouvelles personnes arrivent pour être transportées alors que d'autres ont terminé leur traitement. Nous savons alors que ces dernières vont vers leur guérison et une santé bien meilleure, ce qui rassure et emplit de sérénité.
Ce métier demande d'être disponible aux niveaux des horaires aux larges amplitudes et d'être ponctuel tout au long de la journée pour chaque prise en charge. C'est un métier de respect envers le patient et de confiance, confiance que le client met en nous pour être transporté de façon fiable et aussi pour arriver à l'heure. Pour cela, nous devons choisir le meilleur itinéraire, tout en étant aimable et rassurant. En même temps, il faut aussi savoir éviter un accident, une voiture qui a grillé un feu ou une priorité, un vélo imprudent, un piéton distrait...
Si ce métier vous plaît, alors n'hésitez pas à le choisir... Il faut aimer rendre service et aussi... aimer conduire, être zen et très calme. Savoir aussi prendre sur soi et posséder un certain courage.
Merci de m'avoir lue.
Chloé Laroche
01:46 Écrit par chloe38 dans Ne tirez pas sur l'ambulance | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : taxi, taxi médical, sanitaire, ambulance, métier santé, conduire, métier, vocation, accompagner, patient, cancer, dialyse, handicap, santé, maladie, mort, fin de vie, accident, rééducation, vsl, route, permis de conduire, permis de taxi, préfecture, examen, chambre des métiers, candidature, travail, emploi, témoignage, alzheimer, kiné, voiture, code route, respect, déontologie, écoute, zen, calme, espoir, pôle emploi, alp'azur ambulance, isère, médecine, hôpital, clinique, rendez-vous, traitement, chimiothérapie, sécurité sociale | Facebook | |
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12/03/2012
Euthanasie, alcool au volant, fin de vie et réflexions
Bonjour à tous et toutes,
Voici quelques réflexions et sujets que je souhaite partager avec vous, en ces temps remués et présidentiables :
1- Qu'est-ce que je pense de l'euthanasie ?
Je pense que l'euthanasie est une affaire de personnes, individuelle et à accompagner au cas par cas, ce que font certains médecins à l'heure actuelle, qui ne demandent pas l'autorisation pour la pratiquer mais qui par exemple pratiqueront l'euthanasie passive, qui consiste à arrêter l'acharnement thérapeutique, traitements lourds sans intérêt pour des personnes qui vont mourir.
Je ne suis pas favorable à l'euthanasie ouverte à tous sans discernement, porte ouverte à toutes les dérives et à l'abus de familles souhaitant récupérer l'héritage au plus vite.
Je suis favorable aux soins palliatifs, services ouverts dans certains hôpitaux, avec un accompagnement pour que la personne en fin de vie ne souffre plus, avec des traitements anti-douleurs et aussi une écoute adaptée aux personnes en fin de vie. Jalmalv, qui est l'association "Jusqu'à la mort accompagner la vie" a créé une formation pour inciter la population à devenir bénévole dans ce genre de services, afin d'adoucir la vie de personnes ayant le désir de quitter cette vie dans la dignité et la douceur, en ayant dit au revoir à leur chemin et à leurs proches.
2- Pourquoi l'alcool au volant ne saute-t-il pas aux yeux comme danger public ?
Dernièrement, alors que je m'intéresse d'assez près au problème de la conduite alcoolisée, l'une des premières causes avérées de mortalité sur la route, j'ai discuté avec une personne qui me dit :
-C'est de la foutaise, cette histoire de ne pouvoir boire avant de conduire et d'être verbalisé, voire de faire de la prison et de perdre six points, voire son permis. Il n'y a pas tant de morts sur la route à cause de l'alcool, c'est dérisoire... C'est juste pour que l'État récupère des sous. Et puis, à côté, il y a ceux qui fument et là on trouve bien plus de morts par le tabac.... mais bizarrement, personne n'interdit rien ... et pourquoi donc ? !!"
Voici ma réponse : dernièrement une dame a bu et a pris l'autoroute à contre-sens, heurtant de plein fouet une voiture. Une petite fille de quatre ans a perdu son père et sa mère dans cet accident. Si c'était votre nièce ou votre petite soeur, comment réagiriez-vous ?
http://provence-alpes.france3.fr/info/a-7-a-contresens-4-morts-a-cause-de-l-alcool-69794814.html
La conductrice de 24 ans avait passé la nuit en boîte de nuit et avait 2,3 grammes dans le sang.
Dernièrement encore, près de Blois, un jeune homme de 25 ans ayant bu beaucoup plus que la dose réglementaire a tué une famille entière recomposée : un père et deux jeunes de 13 et 16 ans ainsi que leur belle-mère morte à l'hôpital, après l'accident. Le choc a été très violent et a tué sur le coup le père et les deux jeunes.
Il faut savoir que l’alcoolémie positive d’un conducteur est présente dans le tiers des accidents routiers, causant 30,8 % des tués sur la route. 3970 personnes ont été tuées sur les routes en 2011. Faites le calcul !
J'ai choisi pour vous ce commentaire véridique et vérifié sur internet, que je souhaite partager avec vous : "2% à 3% des conducteurs conduisent avec un taux d'alcoolémie bien supérieur au seuil légal (le taux légal d'alcoolémie maximum étant fixé à 0,5 g d'alcool par litre de sang) en temps normal, mais alors, les nuits de week-end,... n'en parlons pas, ce pourcentage est multiplié par 10 !!! Le plus souvent, ce sont des personnes qui sortent pas bien frais de boîte, d'une soirée bien arrosée etc. Enfin, dans un tiers des accidents avec conducteur éméché, la voiture impliquée est seule sur la route."
45000 personnes meurent chaque année à cause de l'alcool, pas seulement sur la route mais aussi de par leur santé dégradée et anéantie.
66000 personnes meurent à cause du tabac en France, pour répondre au final à la personne qui me parlait en début de réflexion.
Ce n'est pas parce qu'il y a 21 000 morts de différence qu'il faut laisser de côté la lutte contre l'alcool au volant, bien au contraire ! Un seul mort innocent et sobre tué par un chauffard alcoolisé est un mort de trop.
3- Allez écouter, s'il vous plaît, cette merveilleuse jeune fille entendue lors du 15 ème concours de plaidoirie du Mémorial de Caen.
Elle s'appelle Alma Adilon-Lonardoni du Lycée Champagnat à Saint-Symphorien-sur-Coise (69) et nous parle de la fin de vie, des personnes âgées et des maisons de retraite :
http://www.dailymotion.com/video/xo3yv5_il-fait-si-bon-vieillir_webcam
Chaleureusement à tous,
Chloé LAROCHE
02:01 Écrit par chloe38 dans Appel à la bonne conduite sur la route, Solidarité Puissance Toi | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : fin de vie, hôpital, personne âgée, soins palliatifs, anti-douleur, euthanasie, alcool au volant, morts, accidentologie, accident, alcool, tabac, chiffres, cause de mortalité routière, jeune ayant bu, sécurité routière, dignité, mourir dans la dignité, euthanasie passive, médecine, concours plaidoirie de caen, mémorial de caen, maison de retraite, alma adilon-lonardoni, politique, acharnement thérapeutique, vieillesse, jalmalv, accompagnement aux mourants, écoute | Facebook | |
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30/10/2010
Nouvelle que j'ai écrite pour la fin de vie et les accompagnants. "Le chant du cygne en l'homme".
SI UN ÉDITEUR LISAIT CE TEXTE ET CE BLOG ET QU'IL AIT L'IDÉE DE RÉÉDITER CET OUVRAGE ET CES TEXTES, MERCI DE CONTACTER L'AUTEUR DU BLOG... QUI RECHERCHE UN ÉDITEUR POUR PLUSIEURS LIVRES... ac.laroche38@gmail.com. Merci d'avance !
Cette nouvelle est la deuxième du livre de Chloé LAROCHE : "les Semences de l'Après-Vie".
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Le Chant
du
Cygne
en
l’Homme.
____________ Nouvelle n° 2 de Chloé LAROCHE
CE TEXTE EST PROTÉGÉ ET TOUS DROITS RÉSERVÉS
“Notre parole, en archipel, nous offre,
après la douleur et le désastre,
des fraises qu’elle rapporte des landes de la mort,
ainsi que ses doigts chauds de les avoir cherchées.”
(René Char)
Lorsqu’elle apprit la mort de son grand-père, elle était en voyage très loin de chez elle ; elle ne put donc assister à son enterrement. Sa réaction à cette douloureuse nouvelle fut de se cacher sous les couvertures du lit et de pleurer ; elle avait dix-sept ans à peine et adorait ce grand-père qui était tombé gravement malade.
Annabella fit le voeu secret d’accompagner plus tard des personnes en fin de vie afin de leur donner tout cet amour qu’elle gardait en elle pour son grand-père... cet amour qu’elle n’avait pas pu lui donner au moment de partir.
Elle poursuivit son voyage et rencontra une jeune fille de vingt ans, Bernadette, qui venait d’apprendre qu’elle avait un cancer ; son état empirait très vite car la maladie se généralisait dans toutes les cellules de son corps.
Annabella allait souvent la voir ; elle était désemparée devant les souffrances de son amie, qui dépérissait à vue d’oeil. Les médecins disaient qu’il n’y avait plus rien à faire... qu’elle était “condamnée”.
Annabella essayait de la réconforter par sa présence ; elle lui tenait la main et lui disait que la mort, c’est comme une naissance.
Elle lui disait qu’un jour elles se retrouveraient au milieu des Anges ; elle lui parlait de ces Anges, de leurs ailes, de leurs sourires, de leur lumière, de cette grâce immanente irradiant de leur être tout entier.
Elle lui disait qu’il y avait de grands Anges, immenses, avec de grandes ailes, mais qu’il y avait aussi de petits anges. “Ces petits anges, ce sont tous les enfants de lumière qui sont partis très tôt de la Terre... Ce sont des âmes si pures que lorsque tu les regarderas de l’autre côté de la mort, ton coeur fondra dans l’amour divin ; ton âme sera emplie du nectar des Mamans de la Terre et tu seras bercée à l’infini par la douceur des Anges... jusqu’au moment où tu deviendras une mère du Ciel pour un de ces petits anges qui partent si vite de la Terre.”
Bernadette se mit à pleurer ; elle sanglotait de joie dans son âme car elle voyait soudain s’ouvrir une magnifique fenêtre dans la mort... mais, dans son corps, elle pleurait de douleur.
Lorsqu’elle mourut, Annabella n’était plus là ; cette dernière était repartie chez elle, après des adieux déchirants... car elles savaient qu’elles ne se reverraient probablement plus sur cette Terre.
Plus tard, beaucoup plus tard, Annabella décida de se former pour pouvoir accompagner des personnes en fin de vie.
Elle a donc fait une formation sur l'écoute et l'accompagnement avec l'association JALMALV... qui signifie "jusqu'à la mort accompagner la vie".
Or, la veille du jour où elle devait commencer sa première expérience d’accompagnement, elle fit un rêve : elle se trouvait devant son lavabo et il était empli d’eau ; dedans, il y avait une petite sirène qui la regardait ; elles se regardèrent longtemps. Puis la jeune femme pointa son doigt vers elle ; la petite sirène sortit de l’eau et toucha son doigt avec le sien.
Autour d’elles, il y eut soudain une myriade de petits anges ; certains jouaient du violoncelle, d’autres du violon et d’autres encore de la mandoline.
Annabella se réveilla le coeur empli de joie et de lumière ; l’autre monde l’avait touchée, effleurée du bout du doigt ; elle savait qu’elle ferait désormais le lien entre notre monde et celui des Anges.
Ce jour-là, elle entra dans la chambre de Vincent, en phase terminale de cancer ; Vincent avait quarante ans et un sourire empli de myosotis épanouis jusqu’au bord des yeux ; il avait des mains qui racontaient toute la sensibilité de son être et des doigts qui semblaient parcourir le clavier de la vie.
Vincent s’adressa à Annabella : “Je suis heureux que vous soyez venue me voir ; je sais que je vais bientôt mourir et vous représentez pour moi le précieux nocher qui m’aidera à traverser la rivière de l’Après-vie.
Donnez-moi la main... vos deux mains ; car demain sera empli de l’aujourd’hui... Vos demains seront emplis de mes mains.
Lorsque je ne serai plus, vous me garderez au creux de vos mains comme un oiseau blotti dans la paume de Saint François d’Assise.”
Annabella avait les mains liées par la vie aux mains de Vincent ; elle était émue par cette force se dégageant de cet instant si fort, si intense, sublimé par le départ immanent dans la mort.
La jeune femme dit à Vincent : “Je vous garderai toujours dans le creux de mes mains. Vous savez, je joue du violoncelle et chaque fois que je jouerai, votre âme vibrera à travers mon âme jusqu’à faire vibrer l’âme de mon instrument. Là où vous serez, vous percevrez certains sons d’ici : ce seront les miens.”
Vincent murmura : “Dieu vous bénisse. Quel merveilleux cadeau vous me faites ! De ma vie, je n’avais entendu de mots plus doux, de promesses plus belles, de musiques plus émouvantes. Oui, la vie continue et quelle preuve plus belle que la musique pour prouver au monde que les sons unissent les vivants et les morts !
Ne vous arrêtez jamais de jouer de votre violoncelle car le son est créateur et la vibration unit les mondes, apportant la Paix aux âmes.”
En disant ces mots, Vincent serra très fort les mains d’Annabella, qui fit de même.
Elle vint souvent le voir, régulièrement.
Et puis un jour, arriva le dernier jour. Le ciel était rouge et les arbres commençaient à perdre leurs feuilles.
Vincent rendit son dernier soupir ; sa tête se pencha sur le côté et ses doigts se détendirent...
Annabella chanta doucement la mélodie du Chant du Cygne qu’elle aimait jouer le soir sur son violoncelle.
Elle se souvint de son rêve avec cette magnifique créature dans le lavabo ; il lui sembla soudain qu’une myriade d’anges emplissait la pièce... jouant avec elle le Chant du Cygne de Saint-Saëns.
Elle se mit à pleurer des larmes de sirène, des larmes pures faites de rosée et de neige descendues des hauts sommets de l’Âme humaine.
Elle pensa très fort à Bernadette et à son grand-père ; lorsqu’elle rentra chez elle, elle joua pour eux et pour Vincent l’Hymne à la Joie ; ses doigts couraient sur le violoncelle et, dans le creux de ses mains, un feu sacré brûlait et irradiait chaque note de prières vives et immortelles.
Dieu a fait la mort
Pour que les vivants sachent
Qu’ils sont uniques
Chloé LAROCHE
______________
"Les Semences de l'Après-vie" est l'ouvrage inspiré par l'amour infini que porte Chloé Laroche à sa fille Océana, envolée à l'âge de deux ans et demi vers l'Au-Delà. Elle a écrit 13 nouvelles dans ce livre qu'on ne trouve plus dans le commerce. C'est pour cela que Chloé a choisi de partager avec vous ces 13 nouvelles dans ses 13 prochains articles, ici sur son blog.... "Je souhaite par ce livre donner force et courage à toutes les personnes endeuillées et leur dire que la mort n'est pas véritable séparation ni trou noir du néant ; les êtres aimés disparus sont unis à nous pour la vie... qui ne finit pas." (extrait de la 4ème de couverture du livre de Chloé Laroche)______________________________________
14:36 Écrit par chloe38 dans 13 nouvelles de mon premier livre "Les Semences de | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fin de vie, soins palliatifs, nouvelle, auteur, écrivain, les semences de l'après-vie, rêve, violoncelle, après-vie, décès, deuil, jalmalv, recherche éditeur | Facebook | |
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24/10/2010
Les petits mouchoirs, un film qui m'a parlé d'humanité, de l'importance d'être près de ceux qui ont besoin de nous, car il y a parfois l'urgence d'une vie qui part alors qu'on a tout le reste de la vie.
Bonsoir à tous et toutes,
Le film des Petits Mouchoirs a rempli la salle ce soir.
Merci à Guillaume Canet qui a mis son âme et sa propre vie, ainsi que toutes ses émotions et son introspection, dans la création de ce film poignant et réellement humain.
Durant deux heures trente, les spectateurs ont ri et pleuré mais à la sortie, je l'ai senti, chacun pensait à un proche disparu.
J’ai eu l’impression d’avoir assisté à une messe moderne sur la valeur des êtres, sur l’importance donnée au temps accordé à celui qui va partir, sur le parler vrai, sur ce qui est important et primordial face à ce qui ne l’est pas, sur ce que ressentent les enfants face au monde parfois abrupte des adultes.
Les petits mouchoirs, ce sont tous ces morceaux de coeur jetés à la poubelle et cachés sous le tapis du mensonge et de la bienséance.
Les petits mouchoirs, c’est ce petit qui serre son doudou contre lui, face à un père qui l’arrache à ses vacances pour fuir une situation qui ne lui plaît pas. L’enfant subit, comme il continue à subir les contradictions des adultes depuis des millénaires.
Les petits mouchoirs, c’est la femme qui pleure de ne pas être aimée par son mari, son mari qui reste mais n’a pas le cran de lui révéler qu’il aime un homme.
Les petits mouchoirs, c’est cet homme qui fait cinq cent kilomètres pour aller chercher celle qu’il aime depuis onze ans, laquelle veut se marier avec un autre. Elle le choisit finalement... mais lui a oublié d’aller voir son ami qui se meurt dans un hôpital.
Cet ami meurt et ils sont tous partis en vacances... sans venir le voir (ou presque). Cela ressemble tellement à ces vieux délaissés, toutes ces personnes mourantes qui s’en vont dans le silence, les larmes et la solitude.
J’ai vu dans mon métier tellement de délaissement de la part des familles, tellement de méconnaissance de la douleur, de la mort imminente... de cette sorte d’évitement des souffrants. On se raccroche à la vie en occultant ceux qui vont mal... en se disant que de toute façon, tout est fichu pour eux et que nous, on est vivants et que on doit en profiter.
Seulement, cette lâcheté nous rejoint un jour... car seul on partira peut-être... sur un lit d’hôpital ou dans la rue... Et peut-être seul, on mourra. Alors laissons tomber les petits mouchoirs qui couvrent nos petits secrets et nos petites peurs, nos exigences irréelles devant la relativité de la vie et de la mort, devant l’impermanence des choses.
Quand on a perdu des proches, quand on connaît la valeur d’un sourire éteint à jamais, quand on sait l’importance d’une amitié perdue à jamais dans la mort.... Il me semble qu’on peut vivre l’amour déchargé d’un poids.... celui des petits mouchoirs. Il me semble qu’on peut arriver à ne plus se perdre dans des petits détails et que là, le regard sur l’autre prend le sens d’une guitare offerte, comme un don à une personne qui ne sait pas forcément en jouer. Mais l’amour s’apprend au fil du temps, l’amour se donne, l’amour est précieux. Comme un mouchoir brodé de larmes de sang.
Chloé Laroche
01:28 Écrit par chloe38 dans On va sortir, écouter et découvrir avec Chloé | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les petits mouchoirs, film, cinéma, fin de vie, accompagnement mourant, amour, guillaume canet, marion cotillard, solitude, maladie, deuil, accident, ovs | Facebook | |
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22/01/2009
Mon témoignage d'ambulancière et d'accompagnatrice de santé. Cancer, fin de vie, URGENCES, urgence de l'amour.
LA VIE EST COMME UNE ROSE.
Elle est fragile et solide à la fois. Elle a des épines.
Cruelles parfois.
___________________________________________________
Un soir, en novembre 2002, dans les premiers temps où j'ai commencé mon métier d'ambulancière, je me suis arrêtée sur une vie : celle de Carmen.
Cette dame était en phase terminale d’un cancer de l’oesophage. Elle était maigre à faire peur. C’est le S.A.M.U. qui nous a demandé d’aller la chercher chez elle pour l’emmener aux Urgences...
Une âme crucifiée sur un regard qui n’était plus d’ici.
Arrivée à l’Hôpital, sa demande d’un médicament pour soulager sa souffrance a obtenu cette seule réponse :
-Madame, on vous a trouvé un lit dans une chambre seule. C’est déjà beaucoup. Alors, pour le reste, vous attendrez patiemment que les infirmières de garde vous visitent lorsqu’elles seront arrivées.”
Cette dame était mourante et on lui demandait d’attendre son tour !?
Attendre sur un lit dans une chambre froide... Non pas froide mais sans chaleur, je veux dire... Sans couleurs aux murs, je veux dire... Sans soutien médical immédiat, alors que nous venions de l’amener en urgence le plus vite possible, passant aux feux rouges à travers la nuit tombée sur la grande ville...
Pourquoi la fin de vie est-elle encore mise ainsi au rebut ? La réponse est simple : par manque de personnel, par manque de temps, par manque de disponibilité dans un service débordé à certains moments... Par manque de moyens.
Ce soir-là, on m’a refusé le droit d’emmener deux proches en même temps auprès d’elle. Deux parents : son mari et son frère... lesquels nous avaient accompagnés jusqu’aux Urgences. Une seule personne fut tolérée au chevet de cette femme. J’ai donc accompagné son mari auprès d’elle. Son frère est resté dans le sas d’attente...
Attente de la vie. Attente d’une mort attendue. Attente d’une blouse blanche qui se fait attendre. Attente d’une dame étendue là que je n’oublierai pas... Urgences de l’amour.
ADIEU CARMEN.
Quelques jours plus tard, le 13 Novembre 2002, je me revois dans l’ambulance et j’écris, à côté de Christophe, mon collègue ambulancier, qui conduit. Nous ramenons un homme qui a cinquante ans et qui a subi une réanimation cardiaque de vingt-quatre heures. Il a vu la mort de près mais aujourd’hui il vit.
La nuit tombe. Le médecin est à l’arrière, près du malade étendu sur le brancard. C’est ce que nous appelons un rapatriement médicalisé. Nous sommes partis vers treize heures et nous remontons du Sud de la France pour rapatrier le patient dans sa région.
Cet homme miraculé ne se souvient plus de rien. Il était parti en promenade dans la Provence et il est tombé. Tombé comme le petit Prince dans le désert. Mais il tenait à sa rose, à la vie. Et la vie l’a retenu. La vie l’a gardé en elle.
La vie est comme une rose. Elle est fragile et solide à la fois. Elle a des épines. Cruelles parfois.
Ainsi la veille, nous étions allés chercher un monsieur de soixante-quatre ans qui était enfermé chez lui depuis quelques jours. Il avait vomi du sang et était dans un état très inquiétant. Il avait les yeux perdus dans le vide, qui ne cillaient plus. Il ne répondait plus aux questions. “Il vit un deuil”, nous ont dit ses voisins. “Il vit seul et, le voyant comme cela, nous avons prévenu le S.A.M.U.”
Nous l’avons porté jusqu’à l’ambulance. Je suis restée à l’arrière auprès de lui pendant le voyage. J’ai pris son pouls plusieurs fois, car son état m’inquiétait. Je sentais l’appel de la mort sur son visage, le masque d’une autre vie qui n’était plus la sienne. Il plongeait son visage dans l’oreiller et ses yeux restaient ouverts vers moi sans aucun mouvement, comme s’il ne restait plus rien dans la vie qui pouvait le retenir.
Nous l’avons amené aux services des Urgences.
Christophe m’a regardée. Je l’ai regardé.
Le silence que nous avons échangé pour cet homme a témoigné du respect des vivants devant une âme en lambeaux de douleur.
Cet homme est mort peu après.
Je garderai son souvenir en héritage.
Chloé Laroche
(écrit à Grenoble, le 22 Janvier 2009).
00:13 Écrit par chloe38 dans Ne tirez pas sur l'ambulance | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : fin de vie, urgences, ambulancier, crise cardiaque, deuil, accompagnement mourant, médecine, cancer, hôpital, soignant, samu, médecin, mort, témoignage | Facebook | |
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29/06/2008
À toi qui porte la souffrance de ta vie, seul et isolé. À ceux qui croient que les épreuves frappent ceux qui les attirent. Karma pervers et jugement humain inéquitable.
Bonjour à tous et toutes,
Dernièrement, j'étais invitée à un repas avec quelques convives.
Une dame travaillant à l'hôpital dit à un moment : "J'en vois des personnes qui souffrent et il y en a, elles ont tellement d'épreuves en même temps et de souffrances de toutes sortes, qu'on se demande comment c'est possible...".
Une dame lui répond : "Il faut dire qu'il y en a qui cherchent et qui s'attirent les problèmes."
Quand on a dit ça, on a fait le tour de l'humanité. Pour ceux qui tournent en rond.
Je m'oppose à ce genre de propos, qui prennent leur source très souvent dans des raisonnements spiritualistes ou de développement personnel. "Votre vie dépend de vos pensées"... "Vous attirez ce que vous êtes".... "Votre colère et votre rancoeur vous ont créé ce cancer".... "Pensez positif et vous attirez le meilleur."
Il y a du vrai là-dedans, mais ce n'est pas si simple. Quelqu'un de très positif peut très bien devoir affronter de nombreuses épreuves, pour de multiples raisons qui demeurent inconnues à nos yeux d'humains. Et comment pouvons-nous juger ici-bas des épreuves d'autrui.... Ce n'est que de l'orgueil et beaucoup de gens dits spirituels n'en manquent pas... au point qu'un ami qui a un cancer m'a dit récemment : "J'ai le chou-fleur (le cancer) et depuis, je n'intéresse personne. On me dit que c'est mon karma et donc, je suis un pestiféré. Que puis-je apporter à des gens qui considèrent ma maladie ainsi ?" Cet homme fréquentait des personnes en recherche spirituelle et il est déçu car il se retrouve seul et isolé. Il va mourir et il est seul. Pendant ce temps, ses amis devenus invisibles... se satisfont d'avoir la santé et de jouir d'un "bon karma".
Mais qui oserait dire de Jésus qu'il a été crucifié parce que c'était son karma ? Qui dirait cela de Gandhi qui a été assassiné ? Certains ont le statut de sacrifié ou de martyr... mais les autres peuvent crever dans l'indifférence générale, ajoutée à la culpabilité et aux reproches inconscients de l'entourage...
La compassion n'est pas équitable.
Chloé
23:41 Écrit par chloe38 dans Comment survivre au pire / Résilience | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : souffrance, épreuve, sens, karma, destin, compassion, martyr, cancer, maladie, solitude, amitié, mort, fin de vie | Facebook | |
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25/06/2008
Le silence est entré dans mon ambulance. Mon hommage aux ambulanciers. Hommage aux patients. Attente d'un traitement. Attente de l'ambulancier après l'attente chez le médecin ou à l'hôpital.
(Extrait de mon livre paru en décembre 2003 : "Transports d'âmes et d'hommes", aux éditions L'Âme du Ciel sous l'ISBN -2-9516004-2-9).
LE SILENCE ET L'ATTENTE________________
Le silence est entré dans la voiture que je conduis. Une Astra blanche avec la croix bleue des ambulanciers sur le capot.
Ma patiente est assise à côté de moi.
Quelques mots ont été échangés. Et puis le silence a gagné. Non pas lourd mais consenti, de part et d’autre. Lourd de sens, oui, car la maladie est là, présente. Le cancer mine ma patiente depuis des années. Sans rémission.
Elle m’a soudain reparlé.
Et puis le silence est revenu, comme la neige qui se dégage doucement devant nous, sur la route.
Je rencontre ce silence tous les jours, à travers les patients que je prends en charge. Silence de neige, silence de patience, silence d’attente...
L’attente d’arriver à destination, l’attente dans les embouteillages, l’attente dans les salles d’attente pour rencontrer le médecin, l’attente de l’ambulancier qui emmène et ramène, l’attente d’un avenir meilleur, l’attente d’une santé disparue, l’attente d’un traitement en salle de chimiothérapie...
Dans toute cette attente, les patients ont besoin de sérénité et de calme. Ils ont besoin que nous les transportions avec beaucoup de tact et de respect.
Chloé Laroche
________________ Mon hommage
aux ambulanciers du monde :
Le métier d’ambulancier est une profession où les anges gardiens ne chôment jamais dans l’ensemble du monde entier.
Je lisais tout à l’heure le témoignage d’une femme : Marta Gray, dans “La couleur du silence” de Yves Eurieult (éditions Ramuel), qui a travaillé aux côtés de Mère Teresa à Calcutta en Inde.
Elle racontait l’horreur qu’elle a vécu là-bas, les corps vivants dévorés par les vers, les enfants de neuf mois qui avaient la taille d’un foetus à terme, les malades infectés que leur amenaient les ambulanciers pour qu’ils meurent dignement dans le centre de la Sainte femme.
Je pense aux ambulanciers de ce pays, à ceux de Palestine et d’Israël, à ceux d’Algérie et de la Tchétchénie...
Je pense aux quarante-quatre ambulances qui ont été réquisitionnées le soir où la boîte de nuit de Saint Laurent du Pont a été détruite par un incendie dramatique... Ces professionnels du transport médical sont allés chercher les corps des victimes, de tous ces jeunes isérois, morts dans la fête d’une dernière nuit.
Ils ont fait la navette pendant des heures entre le lieu du drame et le gymnase pour que les dépouilles soient dignement rendues à leur famille.
Le métier d’ambulancier ressemble à celui de passeur des âmes et des corps... Il est un accompagnateur dans le passage entre la vie et la mort, soit dans un sens soit dans l’autre.
La plupart du temps, il n’y a heureusement que la vie et l’espoir.
Mais dans bien des cas, de par le monde, l’ambulancier se bat pour donner à la Vie une chance : il se bat pour que la Mort n’arrive pas pendant le passage du transport... afin que le malade soit soigné à l’arrivée, sur le lieu béni où les médecins exercent.
Chloé Laroche
___________________________
Pour lire tous mes articles concernant le métier d'ambulancier
et de taxi médicalisé, consulter :
http://sosmaman.20minutes-blogs.fr/ne-tirez-pas-sur-l-ambulance/
Le mandala de larmes vient du site :
http://koah.over-blog.com/30-categorie-10168075.html
10:00 Écrit par chloe38 dans Ne tirez pas sur l'ambulance | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ambulancier, taxi, maladie, écoute, cancer, accompagnement, mère teresa, hommage aux ambulanciers, profession, dévouement, courage, attente, patience, handicap, ambulanciers du monde, hôpital, santé, médecine, conducteur, mandala de larmes, vocation, métier;mort, vie, espoir, combat, blog, témoignage, isère, france, transport, malade, vieillesse, âge, fin de vie, dignité, déontologie | Facebook | |
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18/05/2008
Ultime adieu au père de mon fils, mort sur la table d'opération. Il était ambulancier comme moi.
Au père de mon fils...
Tu es parti si vite, trop vite. Trop vite aussi de ma vie, de notre vie, il y a deux ans et demi. Tu es décédé brutalement ce lundi, d'un cancer au poumon... Parti sur une table d'opération qui était un espoir, mais qui a été ton dernier voyage. Nous nous étions rencontrés samedi dernier pour notre fils. Tu étais debout, bien vivant. Nous avons parlé. Je suis restée chez toi un moment. Il y avait ton amie, que je respecte. Tu avais perdu tous tes cheveux ; tu avais maigri à cause de la chimiothérapie. Tu étais heureux de voir notre fils qui a trois ans. Vous êtes allés au parc ensemble et puis le soir, je suis revenue. Nous avons encore parlé.
Avant que nous ne quittions ton foyer, tu as mis soudain une cassette vidéo, sans rien dire. C'était l'histoire de Moïse, avec l'histoire imagée de la création du Monde. Je suis restée avec notre fils, à regarder avec toi ces images de mers, d'océans, de volcans, d'univers... et j'ai pensé : "Ne me dis pas que tu vas rejoindre si vite la Création...". Je pensais à toi, à ton air grave, à ce côté médium que tu avais, à ce don de clairvoyance et de persuasion que j'ai connu en toi. Tu étais un poète, très inspiré.
C'est toi qui m'avais dit un jour, dans les premiers temps où nous nous fréquentions :
"Chaque jour est un combat pour nos semblables. Les combats sont multiples mais se ressemblent tous. Le comble du combat de chacun d'entre nous est qu'il se trouve en notre âme, dans notre coeur. Et ce combat est unique en nous-mêmes."
Je notais ce que tu disais, car je sentais que cela venait de si haut... Et je t'ai aimé. Aimer au point de tout quitter, au point de venir vivre dans ta ville pour que nous demeurions ensemble, au point de te donner un enfant, au point de trouver un logement et de remuer ciel et terre pour nous trouver un nid... Le nid, je l'ai trouvé. Et puis, je t'ai attendu. Attendu.. Au début, les larmes ne font que des chapelets, et puis cela devient ruisseau et puis fleuve qui emporte tout. Il m'a fallu être forte, toute seule dans la vie. Tu ne m'aidais pas, même financièrement.
Tu me disais que tu avais du brouillard dans la tête et qu'il te faudrait du temps. Que tu te battais avec toi-même. Qu'il y avait un mur à franchir et que tu cherchais le moyen de grimper dessus pour pouvoir nous rejoindre. Et puis, j'ai découvert un secret... un drame vécu dans ta vie, une déchirure connue de toi seul. Ton coeur déchiqueté par ce drame était enflé de mille larmes, que jamais tu n'as pu me montrer. Et moi, je portais ton enfant et je sentais ce poids, et je voulais savoir. Quand j'ai su, c'était trop tard. Le brouillard avait pris ta vie. La peur de t'engager plus avant. Tu ne voulais pas de contraintes et les promesses que tu m'avais faites se sont envolées dans la flamme du temps qui passe.
En octobre 2005, j'ai écrit ce texte pour toi :
J'ai mal
de cette traversée du désert
Mal à mon oasis... mal
D'un mur où derrière
reste un homme
Qui n'arrive pas
À passer le mur
C'est le père de mon fils..
Et j'ai mal de
cette traversée d'abandon
De ces pointillés de solitude
Où les roses de l'amour
meurent de soif
De n'avoir plus d'oasis
De ne pas comprendre
Le mur invisible
Du coeur d'un homme
Qui de pierre nous a perdu
Dans le désert des solitudes
Pourtant une femme...
A essayé de briser le mur
Cette femme, moi sans toi.
Puis, en décembre 2005, tu es passé nous voir comme un soleil d'espoir. Notre fils avait neuf mois. Tu m'as promis ce jour-là de passer plus souvent. Notre bébé t'avait retrouvé en une heure de temps et tu es parti en me donnant un baiser et la promesse de tes yeux. Ce fut le dernier et notre fils est tombé malade de cette attente si longue, de sa demande d'un papa, le sien... papa qui ne revient pas.
Il a toussé durant trois mois, comme si l'explosion de cette attente atteignait sa vie de petit homme et le souffle d'un fils qui a besoin de son père. En janvier 2007, tu es revenu sans prévenir et je t'ai fait comprendre que je voulais d'abord parler avec toi, avant que tu revoies ton fils, afin de poser les bases d'un équilibre pour notre enfant, mais tu l'as mal pris, envoyant même des pierres contre la vitre. Ce jour-là, j'ai eu peur et je voudrais que ce moment n'ait jamais existé, sachant ce que nous avions partagé et le lien fort qui nous unissait.
Et puis, en novembre 2007, tu es revenu dans la vie de notre enfant avec sagesse. Notre fils était si heureux de te retrouver. Il était fier de t'avoir comme papa. Tu lui manqueras beaucoup et pour moi, ton départ représente un grand vide dans mon coeur car tu étais le père de mon fils et ça, c'est sacré, devant l'Univers.
Il y a trois jours, il t'a vu une dernière fois, au PFI. Je lui ai bien expliqué les choses, avec les conseils d'une psychologue formée au deuil et à l'accompagnement des survivants. Notre fils t'a regardé un court instant. Il a vu tes yeux fermés et que tu ne parlais plus. Il m'a vu poser des roses près de ton corps. Puis il s'est échappé et a grimpé sur un fauteuil, pour rejoindre la vie, dans le sourire innocent de l'insouciance. Tu étais étendu sous un drap, à l'endroit où se trouvait Océana, ma fille que j'ai perdu il y a onze ans. C'est lorsque nous sommes sortis à l'extérieur que la colère est sortie dans le coeur de notre petit. Il a jeté son doudou et de ses poings m'a frappée.
Ce matin, nous t'avons dit adieu avec lui, une dernière fois, avant qu'ils ne referment le cercueil. Et puis ils t'ont emmené vers ta dernière demeure, au cimetière, d'où tu as pris ton envol vers des cieux plus cléments.
Je parle à ton fils de ton départ avec des mots simples, des mots réels. Je le rassure, je lui dis que tu ne souffres plus, que tu l'aimes et que l'amour ne s'arrête pas. Je l'entoure de ma présence, de vie et de force... pour qu'il ait envie de manger, de s'amuser, de sourire à la vie. Il y a deux jours, il a repoussé son assiette en te réclamant. "Je veux mon Papa." Et puis il y a eu de sa part des gestes de colère, colère envers la vie. Lui dire qu'il a le droit d'être en colère, de pleurer aussi, d'être triste.
Perdre son papa, c'est un grand vide dans le coeur, dans la vie. Aujourd'hui, pour lui, aller à la cérémonie, du haut de ses trois ans, c'était courageux. Mais il a vu toute ta famille, tes frères et soeurs, tout ce monde qui t'aimait. Les hommes aussi qui se sont tous rassemblés devant ton cercueil au cimetière pour prier en arabe, comme un salut céleste venu de l'humanité.
Et puis, nous sommes rentrés tous les deux à la maison et nous sommes restés seuls, dans le recueillement, avec des jeux tranquilles d'enfant, le ménage pour moi et... aussi la volonté d'écrire, écrire pour le collectif dans cette solitude où partager ce que je vis est essentiel. Écrire sur internet et partager mon écriture comme lorsque je publie mes livres, c'est aussi donner envie de vivre à d'autres et le courage de tenir dans les épreuves, dans "les combats multiples de la vie"... pour reprendre ton expression.
Je te dis adieu et je te remercie de m'avoir donné cet enfant, ce beau petit garçon qui sourit à la vie et qui est curieux de tout. Depuis le mois de novembre, tu avais retrouvé une présence auprès de lui et il y tenait.
Que ton âme parte en paix rejoindre le Créateur.
Chloé
__________ Voir la fin de la page : "Sos d'une maman et conductrice de taxi sur Grenoble" où je parle aussi du départ du père de Yourdine :
http://sosmaman.20minutes-blogs.fr/archive/2008/04/10/
sos-d-une-maman-et-conductrice-de-taxi.html
La fleur blanche "berceau de Moïse" vient du site :
http://gardenbreizh.org/photos/berlugan/photo-127221.html
MERCI À SON AUTEUR : Berlugan.
16:02 Écrit par chloe38 dans Mes confidences de mère adoptive et biologique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : deuil, hommage, père, rencontre, couple mixte, deuil enfant, orphelin, opération, cancer, tumeur, clinique des cèdres échirolles, mort, décès brutal, paternité, papa, enfant, larme, perte, absence, amour, séparation, santé, peine enfant, abandon, intuition, moïse, attente, couple, maternité, souffrance, promesse, sacrifice, solitude, veuvage, recueillement, souvenir, pardon, vie, fin de vie, rituel, enterrement, pfi, cimetière, psychologue, adieu, berlugan, berceau de moïse, enfant décès parent, respect enfant, communication | Facebook | |
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