03/09/2009
J'écris aux parents d'Alexandre, tombé accidentellement du 7ème étage dans la banlieue de Grenoble, à Pont de Claix. Je pense en ce jour de la rentrée scolaire à Chama Dieumerci, à Antoine disparu à Issoire, aux enfants noyés cet été, aux autres.
Bonjour à tous et toutes,
Aujourd'hui, c'est la rentrée scolaire et je pense à ces enfants qui ne rentreront pas cette année à l'école car ils sont morts ou disparus.
Je pense bien sûr à Antoine qui a disparu à Issoire il y a bientôt un an, le 11 septembre, pour lequel j'ai écrit plusieurs articles (voir à gauche : "Révolte pour l'enfance").
Je pense aux enfants décédés, renversés par une voiture, aux dix enfants de moins de six ans retrouvés noyés cet été dans leur piscine familiale, à ceux dont la vie a été arrachée par leurs parents, aux enfants morts dans l'accident d'avion Paris-Rio. Je pense aux enfants expulsés avec leur parents qui ne retrouveront pas leur banc d'école en cette rentrée.
Je pense à Chama Dieumerci, qui ne sait pas si son père va partir de France. Il rentre en CP et n'a pas revu son père depuis plusieurs jours ; ce dernier est enfermé en Centre de Rétention pour étrangers. Sa mère a abandonné cet enfant tout petit et aujourd'hui, c'est son père qui l'élève depuis six ans. Comment peut-on arracher ainsi un fils à son papa, à celui qui l'élève !? Comment Monsieur Besson peut-il se montrer fier et satisfait, selon ses dernières déclarations, à propos du chiffre des expulsions qu'il a mené à bien cette année !? Vous pouvez aller lire mon article écrit pour Chama, daté du 30 août. Allez aussi voir le site suivant où des actions sont proposées pour aider Chama et son papa : http://www.dieumerci.com
Aujourd'hui, en cette rentrée scolaire, je pense aussi à Alexandre qui est tombé du septième étage d'un immeuble de Pont de Claix, dans la banlieue de Grenoble. Il avait six ans et s'amusait dans sa chambre, pendant que sa mère changeait son petit frère et que son père se reposait du travail. Il a poussé un meuble et est monté puis s'est penché et a basculé dans le vide. Sa maman a été hospitalisée. Les parents sont en état de choc.
Je leur envoie plein de pensées et je souhaite leur dire ceci : je ne vous connais pas mais je suis près de vous ; c'est un terrible accident et rien ne vous consolera jamais. J'ai perdu un enfant il y a douze ans et c'est toujours le même vide dans le creux de l'âme. Les larmes aux anniversaires, à plein de dates, et tous les jours selon, et la colère au fond de soi contre le destin cruel. Apprendre à accepter, petit à petit, vivre avec, le souvenir à jamais ancré dans la mémoire, continuer d'aimer les autres enfants, les frères et soeurs. Se relever et continuer avec ce handicap immense d'être amputé d'une partie de soi, d'un tout qui nous écartèle. Se relever pour continuer à donner de soi, à donner toujours plus, à donner tout ce qu'on n'a plus à perdre puisqu'on a tout perdu. Je vous embrasse et vous envoie toutes mes condoléances.
Votre fils Alexandre a rejoint ma fille Océana. Aujourd'hui, elle aurait quinze ans et je pense très fort à elle. Elle a pris le chemin du ciel et a semé dans ma vie depuis douze ans un parfum d'espérance, par lequel j'ai pris par la main depuis deux enfants abandonnées en orphelinats. Elles ont maintenant grandi. L'une a 16 ans et l'autre bientôt 14. Et mon fils est arrivé en 2005. Il est rentré en moyenne section de maternelle ce matin, heureux et content de retrouver ses camarades. Océana, elle, depuis 1997, n'a fait aucune rentrée. Elle n'a jamais pu aller à l'école. Elle avait deux ans et demi. Elle est entrée dans mon coeur pour toujours mais mon âme est toujours choquée de ce départ brutal, de cette maladie foudroyante qui l'a emportée avant qu'elle ne s'asseye sur un banc d'école.
Chacun de nous doit partir un jour mais on ne peut apprivoiser l'idée que notre enfant parte avant nous. On pense pouvoir l'aimer, le chérir, le prendre dans nos bras... sans que cela ne s'arrête jamais. Mais chacun de nous part un jour et il nous faut durant notre chemin ici-bas remplir notre part de vie comme un soleil qui donne et qui tend les bras. Ainsi, notre enfant continue de vivre à travers l'amour partagé et cette énergie nous porte vers lui, puisque c'est inéluctable, notre vie est comptée comme elle l'a été pour lui, pour notre enfant décédé.
Chloé LAROCHE
______________________
Commentaires
________________Prévention des accidents domestiques : attention aux enfants.
"Les accidents de la vie courante touchant les jeunes enfants sont à l’origine de 20 % des décès chez les 1-4 ans. Afin de développer l’information des parents, le ministère chargé de la santé et l’INPES ont lancé une campagne de prévention fin janvier qui se poursuivra jusqu’au 25 avril.
Une brochure « Protégez votre enfant des accidents domestique » est disponible sur le site de l’INPES. Elle délivre de nombreux conseils aux parents d’enfants de 0 à 6 ans et indique les réflexes à adopter pour éviter les risques d’étouffement, de noyade, de chute, d’intoxication, de brûlure et d’électrocution. Elle évoque également la mort subite du nourrisson, le syndrome du bébé secoué ou encore les morsures d’animaux. Numéros d’urgence et liens utiles figurent à la fin du document."
15:58 Écrit par chloe38 dans Survivre au décès d'un enfant | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : défenestration, alexandre, enfant tombé, pont de claix, deuil, accident, chama, resf, antoine, rentrée, politique, mort, décès d'enfant | Facebook | |
Imprimer |
Merci pour votre empathie. J'ai perdu mes deux enfants et cela est une plaie difficile à soigner mais Martin GRAY "au nom de tous les miens " m'a fait réfléchir. Merci de Valentine
Ecrit par : vouilloz | 04.09.2009
______________________